Une intense chaleur embrasse subitement ses fesses.
“Bon sang ! Le Zardle a pris le temps de se retourner pour balancer une boule de feu!, j’ai failli finir en barbecue, mais ça me laisse quelques secondes de répit".
Il accélère de plus belle, ses mollets lui chauffent encore plus que les fesses.
Là bas, au fond, la porte du module de détente… Hé mais non ! Il est revenu au poste de pilotage ! Il aperçoit le reste de l'équipage qui le regarde incrédule.
Le capitaine lui crie:
— Taf ! Qu’est ce que tu fais là, c’est de l’autre côté qu’il faut aller, tu…
Mais le Zardle surgit au bout du couloir.
— On évacue par la porte de derrière ! Hurle le capitaine, parez à fermer.
— Attendez moi ! dit taf en suffocant, Attendeeeeeeez…
— Cours Taf, cours ! s'époumone Stella, rejointe par Stevi.
— Cours Taf, cours !
“Allez, plus que 10 mètres”, s’encourage Taf.
— Le Zardle n’est plus qu'à 10 mètres ! lui crie Stella qui est déjà derrière la deuxième porte.
Tenez vous près, tonne le capitaine ! à 3 on ferme !
— Taf, attrape ma main le supplie Stella alors qu’il vient de passer l’entrée
— Le Zardle, il arrive, s’epoumone Stevi. Il arriiiiive !!!
3…2…1… FERMETURE ! CLANC ! La lumière s'éteint, le temps s'arrête.
Une main… un bras..
— Taf , Taf…
— Je suis la, Stella, tu m’a tirais juste à temps.
— Le Zardle, ou est le Zardle ? murmure Stevi
— Je crois qu’il est à …
"GROAAAAARGG", un crie de douleur vient déchirer la nuit, la lumière se rallume. Le capitaine se précipite vers le hublot de la porte.
— Par les poils de mes narines ! ça a marché, le Zardle est prisonnier, enfin la moitié du Zardle. Ada affiche l’image du couloir du poste de pilotage !
— Degoutant ! grimace Stevi, c’est la queue du Zardle qui remue encore devant la porte d’entrée.
Tout le monde s’agglutine maintenant autour du capitaine et observe la créature rouler en boule sur le sol, prisonnière de la cabine. Les voyants du pupitre de contrôle clignotent et projettent sur le lézard blessé des taches rouges et bleus.
— Le pauvre, murmure Stella, il n’a pas mérité ça, on aurait mieux fait de le laisser sur sa planète.
— Il a quand même failli me rôtir façon merguez, dit Taf. Hé mais regardez, on dirait qu’il remue encore.
Et alors, la deuxième chose la plus improbable qu’on est vue dans la galaxie se produit sous les yeux exorbités des 4 membres de l'équipage.
D’abord, le Zardle se déplie lentement jusqu'à se retrouver allongé de tout son corps (ou de ce qu’il en reste).
Puis, il émet un grondement sourd et soulève son torse en s’appuyant sur ses pattes avant.
Ses yeux rouges clignotent comme des guirlandes de noël, il remue la tête comme s’il venait de se réveiller d’un long sommeil. Il replie alors une patte arrière et pose le genou au sol.
Puis fait de même avec son autre patte. Enfin, dans un dernier râle, il pivote complément à la verticale et se retrouve… debout !
— Non mais… Qu’est-ce… Dites-moi que je rêve ! bafouille Stevi. Stella, c’est possible ça ?
Mais Stella est trop abasourdie par ce qu’elle voit pour émettre le moindre son.
Le Zardle secoue maintenant la tête, tend ses pattes avants, entremêle ses longs doigts griffus et les fait craquer. Puis il avise un objet sur le pupitre de commande, le saisit et le porte à hauteur de ses yeux.
— Par les poils de mes sourcils ! Qu’est-ce qu’il fait avec mes lunettes, interroge le Capitaine Krik d’une voix lente et pâteuse.
— Je crois… qu’il les mets, répond Taf, c’est ça, il les mets sur son… museau.
— Capitaine, on est en plein n’importe quoi là ? Le vaisseau à du passer dans la 4éme dimension ? Capitaine… Capitaine ?
Et alors, la première chose la plus improbable qu’on est jamais entendu dans la galaxie se produit dans les oreilles exorbitées de l'équipage : Le Zardle se met à parler.
D’abord, d’une voix grinçante et mal assurée.
— Humm., arrrrr… oui, hum, oooooi.
Puis sa voix se fait plus agréable, voire mélodieuse.
— Oui, voilà qui est mieux ! Hé bien, quelle aventure mes amis ! Ne trouvez-vous pas tout cela follement excitant ?
Derrière le hublot, plus personne ne respire ni ne cligne des yeux.
— C’est incroyable n’est-ce pas ? Toutes ses années à ramper comme un vulgaire… reptile ? Mais que de temps perdu rendez-vous compte. Il va de soi que posséder une queue qui lance des boules de feu confère certain avantage je le concède, mais imaginé le nombre de neurones dévolues à la manipulation de cet appendice. Des milliard de milliard ! Plus que d'étoiles dans cette galaxie ! Les pattes m’en tombent si vous me permettez l’expression.
Le Zardle se met à être secoué de spasme tout en hoquetant de petits sons.
— C’est quoi ça, demande Taf, qui semble se réveiller d’un cauchemar.
— Je crois… qu’il rit, dit Stella en se tordant la bouche.
— Hum, excusez- moi, reprend le Zarde. Oui donc, il semblerait que la perte malheureuse de mon extension caudale ait libéré certaines de mes “facultés” jusque là en sommeil. Et comble du bonheur, grâce à cet outil fantastique (il montre les lunettes), le monde qui m’entoure ne m’a jamais paru aussi clair.
— Les Zardles sont habituellement aussi myope que vous Capitaine, explique Stella.
— Ainsi, tous ces appareils… reprend le Zardle en montrant le pupitre de pilotage. Il y a quelque secondes à peine, ce n’etait pour moi qu’un fatras incomprehensible de couleurs et de materiaux. Maintenant ils me semble aussi simple à comprendre qu’un vers lyophilisé.
Il se met à pianoter sur le clavier de la console.
— Heu, non, se risque le capitaine derrière le hublot. S’il vous plait… Mr ? ou Madame ? Zardle, n'appuyez pas sur tous ces boutons, cela risquerait de…
Avant même qu’il n'ait fini sa phrase, tout le monde bascule en arrière, emportés par la formidable poussée des réacteurs qui viennent de s’allumer.
— Formidable ! crie le Zardle depuis le poste de pilotage. Il ne reste plus qu'à rentrer les coordonnées de destination.
— Ada ! hurle le capitaine, désactiver les commandes du vaisseau, arrête les moteurs !
“je suis désolé capitaine”, répond Ada sans s'émouvoir plus que ça, “mais je viens d'être reprogrammé pour n'obéir qu’au forme de vie reptilienne.”
— Mais, mais… ce n’est pas possible… ou est-ce qu’on va ? Quelle est la destination ?
— Hé bien… je peux répondre à cette question, dit la voix du Zardle dans le haut parleur. Nous allons dans le système Mi, en direction de la planète Fu, sur la lune Shi.
— Mais, mais… c’est précisément la où nous vous avons…
— Capturé ! Précisément ! Mr Stevi je présume ? Mais ne vous inquiétez pas, je vous assure que vous serez ravi de l’accueil que nous réservons à nos nouveaux… specimens !
Le capitaine s’affale alors dans un coin et se prend la tête entre les mains.
— Par tous les poils de mon corps ! Taz, qu’est-ce qui t’as pris de tourné du mauvais côté.
— Je… Je sais pas capitaine, se met à larmoyé Taz, une petite voix dans ma tête.
— Ne t'inquiètes pas, le rassure Stella avec des larmes dans les yeux, tant que nous somme ensemble.
— Voila qui est très touchant, lance le Zardle à travers le hublot. Et bien maintenant que vous voilà rassuré sur votre destination, en route ! Vers l’infini… et au-delà !
FIN