Tu peux entrer, dit Mathilde, alors qu’Antoine se tient sans trop savoir quoi faire devant sa chambre.

— c’est que, je ne suis jamais entrée dans la chambre d’une fille… enfin si, dans celle de ma soeur, mais juste après je me reçois un cousin dans la tête en general.

— T'inquiète, je ne vais pas te bombarder avec mon oreiller, sauf si tu préfères ? dit Mathilde en faisant mine de tendre la main vers son lit.

— Non, non, s’empresse de répondre Antoine, et il passe le pas de la porte.

Mathilde s'assoit à son bureau et tire un tabouret. Viens t'asseoir, puisque tu es venu, autant en profiter pour faire notre exposé, au moins on en sera débarrassé. Antoine hésite, puis finit par s’approcher, et poser délicatement une fesse sur le tabouret.

— Et t’es pas obligé de garder ton sac sur le dos, dit Mathilde, sauf si tu comptes repartir de suite ?

— Heu,non, enfin, si… t’as raison ! dit Antoine, en retirant le sac de ses épaules.

Mathilde prend un cahier et sort un stylo de sa trousse.

— Bon et bien… moi, je suis prête.

— Heu oui, dit Antoine. Attends… et il plonge sa main dans son sac pour en sortir…

— Oh, quelle charmante trousse licorne, dit Mathilde. Alors comme ça, tu aimes les licornes ?

— Mais non, rougi Antoine, je me suis trompé de sac, c’est celui de ma sœur ! Je lui dis tout le temps qu’il faut qu’elle le range et… enfin… tu vois, c’est à…

— Il n’y a aucune honte à aimer les licornes, le coupe Mathilde en riant.

— Non mais je t’assure que ce n’est pas ma…

— Je sais, dit Mathilde dans un dernier hoquet de rire, le nom de ta sœur est écrit dessus.

Antoine baisse les yeux sur la trousse, et pousse un soupir de soulagement.

— Lola, oui, c’est la trousse de Lola, c’est sa trousse tu vois… c’est écrit là : Lola.

— Je vois, dit Mathilde avec douceur, et elle pose délicatement sa main sur celle d’Antoine, ne t'inquiète pas, je vois.

Et alors, une douce chaleur s’insinue entre ses doigts, remonte le long de son poignet, inonde son bras, traverse sa poitrine qui se gonfle à son passage, et vient se déverser dans l'âtre qu'est devenu son cœur.

Finalement, il n’avait pas choisi le mauvais numéro.

FIN